Des mots qui s'imposent?

Je ne vais pas attendre qu'on m'autorise à écrire pour écrire. Je ne vais pas attendre qu'on me dise : "Vas-y, écris-nous quelque chose!" pour m'y mettre. Non. J'écris, c'est tout. J'écris, très simplement.

Je m'éveille au petit matin et les mots sont là. En ronde, en file indienne, par groupes de deux, trois, ou quatre, qu'importe! Je vois bien qu'ils se soutiennent. Ce sont des solidaires. Il y en a aussi à l'allure timide, qui se mettent à couvert. Ceux-là sont des solitaires, qui n'ont pourtant pas envie de se taire!


Est-ce une urgence quand je les trouve ainsi à ma porte? Pas forcément. Mais ils sont là, en alerte, qui conversent bruyamment. Je me contente de les saisir avant qu'ils ne disparaissent pour un moment, ou définitivement. Et puis je les observe sans rien dire, histoire de voir ce qu'ils ont dans le ventre. Ou juste pour écouter, sans jugement, ce qu'ils ont à me dire aujourd'hui, qui sera peut-être différent demain.

Est-ce qu'ils s'imposent? Je ne le pense pas. Je suppose même que si je les délaisse et m'en détourne, ils finiront par me laisser tranquille. Le mouvement, la vie, les emporteront  loin de moi. Je dirai juste qu'ils osent. Ils osent prétendre que ce qu'ils ont à me dire est suffisamment important pour que, quelques minutes au moins, je prenne la peine de les écouter, les regarder, les rassembler même. Qui sait? À moi de voir ce que je souhaite faire d'eux. 


La plupart du temps, je me laisse prendre au jeu. Plus longtemps d'ailleurs que je ne le souhaiterais. Quand j'en tiens un, par exemple, je ne le lâche pas, c'est plus fort que moi. Je le bouscule, le renverse, le bouleverse même sans doute un peu. C'est comme ça. Je dois absolument savoir ce qu'il est venu faire chez moi, ce qu'il attend que je fasse de lui. Je dirai que le moment crucial entre lui est moi , c'est lorsque nos pensées se croisent. Tant que cela n'est pas arrivé, je me sens encore capable de le laisser disparaître, sans chercher à connaître le fin fond de son histoire. Mais voilà, une simple pensée, et le piège se referme. Sur lui, sur moi. Nous sommes alors en plein désarroi .


Et puis, bien sûr, arrive la bataille entre lui et moi. Chaque fois, c'est pareil. J'ai beau me dire, non, pas ce matin. Et pourtant si, ça recommence! D'abord des éclats de voix, des coups de stylo, de rature, des "tu le savais bien!" et des  "non, j'y crois pas!". Ça peut faire mal, je vous assure. Et puis finalement, doucement, au bout de quelques heures, le calme revient, l'apaisement, la joie également. Dans mes yeux, mais aussi dans les siens. Oh, si vous pouviez voir comme son regard brille et vrille lorsque je pose le stylo. Il est heureux, ça se voit.  Ça nous arrive même d'en rire ensemble quand se termine le combat.


En tout cas, pas une fois on ne s'est quittés fâchés. Je peux vous dire que ça unit des histoires comme ça. C'est peut-être même un peu pour cette raison que lorsqu'un de ses amis frappe à nouveau à ma porte au petit matin, je ne peux m'empêcher d'aller voir qui se trouve là et de répondre présente presque à chaque fois !

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